Liberté ou l’exil par Garaudy Laguerre (ancien candidat à la présidence – 2010)


Liberté ou l’exil par Garaudy Laguerre (ancien candidat à la présidence – 2010)

N’ayant plus de bouche pour parler; en manque d’imagination ou d’inspiration, engageons-nous résolument à la sédition ou résignons-nous à la capitulation. Nos paroles ne valent plus rien. Elles ont toutes déjà été utilisées, usées, abusées par Phelps, Prévert et Morisseau. Elles auraient besoin d’être redignifiées par la bénédiction et l’actualité de l’action.

Résolvons-nous à interpeller à l’insurrection les esprits ancestraux rédempteurs ou à implorer, genoux pliés, les saints d’outre-mer, porteurs de faux espoirs, de malédictions et d’abdications.
Morisseau ayant déjà remercié notre Père, il est question à présent de son honneur et de notre bonheur. Triste que ses paroles ne fassent plus échos et soient devenues vides de sens, hormis leur prédiction de notre ingratitude.

Pour plaire un tant soit peu à Phelps, osons, avant qu’il ne fasse trop sombre, oui, osons rire, parler, murmurer dans la pénombre qui peu à peu nous envahit, nous enveloppe, nous étreint…
Ah, déplore Prévert; anéantis, les efforts surhumains de nos combattants passés; des batailles gagnées, du bout des ongles; des épopées dont il ne nous reste que de pâles et ternes souvenirs! Les cicatrices des combats  ne nous rappellent plus guère qui nous fûmes, qui nous étions.Oh, peuple écorché vivant!

Nous n’osons plus brûler nos maisons ni nous battre sur leurs cendres.

Nous avons perdu le don de la liberté et feint d’oublier le prix de l’émancipation.

Les mots peureux des protestations vaines qui habitent nos discours n’effrayent plus nos bourreaux. Ils savent que démocrates nous sommes devenus, réclamant le droit du choix de destination vers l’exil.

Qui sait, peut être que nous ferons l’exil ensemble, ce départ semi-volontaire vers une destination déjà souhaitée. Alors, nous serons réputés avoir fait notre part de contribution, comme victimes, lâches ou héros, selon notre caste, selon notre clan. Et le moment venu, revenir au pays pour tout recommencer, sur demande ou au besoin.

Mais hélas, notre passé et notre destinée nous hanteront, sachant, au fond de nous-mêmes, comme l’avait su l’Empereur, qu’il n’y a plus d’héroïsme, pas de patrie, pas d’avenir quand la liberté nous fait peur et que nous rêvons à l’exil, plutôt qu’à la mort!

  • G.L

Collaboration International Diplomat (ID) Canada / ISSN 2563-818X (En ligne) – ISSN 2563-8181 (Imprimé)