Le présent est là , c’est le jour de sa retraite mais il parle d’avenir. Eddy Anglade se dit un homme d’avenir. Les souvenirs sont encore vivants, pourtant le temps a passé. Eddy Anglade comme l’appelle ses amis intimes, parle des années 65, 66. Il fondait la première équipe haïtienne de foot à Montréal. Il ne pouvait compter que sur 7 joueurs haïtiens, le reste de l’équipe était d’origine africaine. Étonnant, mais Eddy Anglade était passionné de foot, de musique, de peinture et de belles femmes. Ensuite il devint policier, depuis lors c’est Édouard Anglade, le premier Haïtien à intégrer les rangs de la fraternité. Après 30 ans et 3 semaines de services à la SPCUM, Édouard Anglade se retire. Nous l’avons rencontré chez lui dans la soirée du 25 janvier, en compagnie de sa compagne et d’un cousin de Los Angeles. Celui qui dans son autobiographie, Nom de code MAO, s’était ouvert au public a récidivé devant nos caméras. Il parle de sa carrière, de ses exploits et de ses déceptions mais surtout de ses rêves à réaliser. Comme s’il voulait dire: si la police de l’époque m’avait ouvert ses portes, le monde le fera aussi.
Amateur d’art et de peinture, il vit au milieu de ses Dambreville (un peintre haïtien) intégrés dans l’univers de sa compagne Corinne qui elle aussi, peint. Une talentueuse portraitiste. Édouard Anglade projette de faire du cinéma, sa vie de détective policier représente déjà une source d’inspiration pour lui. Son nom de code MAO reviendra certainement regarnir le décor de ses pensées sinon de ses projets. Il parle aussi souvent d’aider les jeunes dans le domaine de la musique et du théâtre. On le voit partout quand il s’agit d’évènement culturel. Son goût pour les arts pourrait vous pousser à l’interroger sur sa décision d’avoir intégrer les rangs de la police. D’y avoir fait carrière. C’est avec passion qu’il vous parle de ses histoires d’infiltration de gangs pour arrêter les criminels, d’où son nom de code MAO. Une grosse controverse.
Édouard Anglade a visité plusieurs pays dans le cadre de ses fonctions. En Haïti, son pays d’origine, il y avait été dépêché pour évaluer les besoins d’une sécurité rapprochée pour les officiels du gouvernement (94). Cela lui a laissé un petit goût amer à cause de l’insouciance du responsable haïtien du dossier et de l’arrogance des représentants américains. Il ne cache pas non plus sa déception sur la façon qu’il a été écarté du dossier par le chef de la police de l’époque. Édouard Anglade paraît très discret mais il ne va pas avec le dos de la cuillère quand il dénonce les coups bas et les attitudes discriminatoires à la SPCUM. Il avait même dévoilé le vrai visage d’un officier raciste dans le corps et avait gagné sa cause devant les tribunaux. Cela lui avait valu beaucoup de visibilité lors de la sortie de son livre Nom de code MAO. Tous les médias en ont consommé. Aujourd’hui c’est la retraite. Une retraite bien mérité nous dit-il. Le devoir accompli. Il a reçu un certificat d’honneur et a été salué par tous les dignitaires du corps.
Avant de partir, de signer, dans le jargon, il a récupéré ses jours de congé au soleil pour oublier un peu les rigueurs de l’hiver. Il a remis l’arme de travail mais pas l’âme québécoise. Édouard est profondément québécois au point de vouloir développer autre chose ici même. C’est dans ce contexte qu’il dit penser à ses vieux amours, au milieu du showbiz, au monde du cinéma. Beaucoup de choses à rattraper. À ce titre, nous savons que le cinéaste haïtien Gervais Germain était très intéressé par son parcours. Il a visionné avec beaucoup d’intérêts une compilation des minutes de MAO. C’est sans équivoque que nous pouvons dire: le cinéma, plus que tout autre chose, attirera le héros de MAO. Soc/16 fév-04